Des affections psychiques 
plus nombreuses et plus graves, 
selon l’Assurance Maladie

Le nouveau rapport Santé travail : enjeux & actions de l’Assurance Maladie – Risques professionnels est consacré à la prise en charge des affections psychiques liées au travail. Les données recueillies mettent notamment en évidence que le nombre de salariés touchés par ces pathologies augmente de façon continue depuis 5 ans.

Plus de 10.000 affections psychiques 
prises en charge en 2016

Les troubles psychosociaux liés au travail sont désormais à l’origine de 1,6 % des accidents de travail avec arrêt contre 1 % en 2011. Alors que le nombre global d’accidents du travail recule, les affections psychiques connaissent, elles, une hausse ininterrompue : la progression était d’environ 10 % par an de 2011 à 2014, 5 % en 2015 pour cependant ralentir à 1 % en 2016.
Autre constat : les troubles semblent gagner en gravité. En effet, la part des personnes ayant une incapacité permanente en lien avec une maladie psychique s’élevait à 2,6 % du total des accidents du travail en 2012. Elle s’élève désormais à 4,6 %. Autre signal préoccupant : le nombre de demandes de reconnaissance de maladies psychiques a été multiplié par plus de 5 en 5 ans, passant d’environ 200 demandes en 2012 à plus de 1.100 en 2016. Et, comme le précise l’Assurance Maladie, “la dynamique semble se poursuivre car le nombre de demandes en 2017 devrait avoisiner les 1.500”.

Profils, métiers et secteurs 
les plus exposés aux RPS

Même si, à l’inverse de certains risques physiques, les risques psychosociaux peuvent frapper toutes les entreprises et tous les salariés, les données recueillies permettent de mieux cerner les travailleurs les plus exposés. Selon l’Assurance Maladie, ce sont “les employés qui forment la catégorie socio-professionnelle connaissant la fréquence la plus importante d’affections psychiques liées au travail”. Pour les experts, cette surreprésentation tient notamment au fait que les employés représentent “la catégorie qui connaît le plus grand déséquilibre entre efforts et récompenses au travail”.
Le rapport souligne aussi “une concentration sur 3 secteurs d’activité qui ont en commun un lien avec le public : le secteur médico-social, le transport de personnes et le commerce de détail”. Enfin, “la fréquence des affections psychiques est entre une fois et demie et deux fois supérieure chez les femmes par rapport aux hommes pour la tranche 40-49 ans”. Selon les experts, ce fossé s’explique par le type de métiers qu’elles exercent.

Des arrêts maladies 
d’une durée moyenne de 112 jours

La prise en charge des affections psychiques liées au travail a représenté 230 millions d’euros pour la branche AT/MP en 2016. Ce montant très important s’explique notamment pas la durée des arrêts de travail entraînés par les affections psychiques. “Les durées moyennes d’arrêt de travail sont de 112 jours pour les affections psychiques reconnues en accidents du travail, là où la moyenne, tous accidents du travail confondus, s’établit à 65 jours”.
De même, “7,5 % des affections psychiques reconnues en accidents du travail donnent lieu à une incapacité permanente, alors que ce taux vaut environ 5 % pour les accidents du travail en général”, précise le rapport. Autant de données qui démontrent que les risques psychosociaux représentent, pour les entreprises, une cause importante d’absentéisme et de désorganisation des services.

Des risques plurifactoriels 
plus difficiles à appréhender

Hélas, comme le souligne l’Assurance Maladie, les entreprises se retrouvent souvent démunies pour prévenir ces risques qu’elles connaissent généralement moins bien que les risques physiques. “Les entreprises ont souvent beaucoup de difficultés à appréhender les risques psychosociaux et à mettre en œuvre une démarche de prévention efficace et durable”, déplore le rapport. En effet, les risques psychosociaux se distinguent par “des causes complexes et plurifactorielles” qui “nécessitent de faire appel à des compétences variées, techniques, organisationnelles, managériales, médicales…”
Afin de surmonter cet écueil, l’Assurance Maladie assure qu’elle va poursuivre, conjointement avec d’autres acteurs publics, sa mobilisation sur la période 2018-2022 en matière de sensibilisation. Elle souligne aussi que les entreprises peuvent recourir à l’aide de consultants extérieurs pour mener leurs actions de prévention des RPS.

Pour aller plus loin : “Les affections psychiques liées au travail : éclairage sur la prise en charge actuelle par l’Assurance Maladie – Risques professionnels”, Santé travail : enjeux & actions, réalisé par l’Assurance Maladie -Risques professionnels, janvier 2018.