Suivi des salariés en souffrance : 
est-ce vraiment le rôle des managers ?

“Les dernières recherches suggèrent que l’acceptation et la reconnaissance de vos émotions négatives vous aideront à vous sentir mieux”, relate un récent article du magazine Forbes consacré au stress et à l’anxiété professionnelle (1). Reste toutefois une question : les managers sont-ils à même d’assurer ce rôle d’écoute psychologique des salariés ou mieux vaut-il recourir aux services de professionnels ?

Être écouté et compris nous fait du bien, surtout lorsque nous affrontons des situations difficiles. Cette évidence est aujourd’hui redécouverte dans le monde professionnel, à la faveur de traités managériaux érigeant l’empathie au premier rang des qualités professionnelles exigées des supérieurs hiérarchiques. Rien de bien neuf, si ce n’est que cette exigence de bienveillance managériale ne se limite désormais plus à une simple compréhension quant aux aléas du travail et aux difficultés des missions ou des délais à respecter.

Vers des managers psychologues ?

Un article du magazine Forbes consacré aux moyens de “gérer l’anxiété, le bruit et le stress au bureau” souligne ainsi que “d’après un rapport de la London School of Economics, obtenir l’aide de vos collègues et parler ouvertement de vos sentiments à votre superviseur, même en ce qui concerne votre dépression, votre anxiété, peut vous aider”. Un pas est ainsi franchi car les compétences attendues des personnels encadrants ne relèvent plus tant du management que de la psychologie !

Oh, bien sûr, ces préconisations ont une dimension managériale puisqu’elles sont évidemment motivées par un désir de renforcer la performance individuelle et collective. “Une étude de l’Université du Kansas sur les adolescents résume bien la situation : les gens veulent avoir le sentiment qu’ils comptent, pour quelqu’un, pour quelque chose. Et lorsqu’ils goûtent à cette forme de sérénité, ils ont tendance à faire moins d’erreurs et à se mettre davantage en avant”, relate Forbes.

Un nouveau rôle délicat pour les managers

Les managers sont-ils pour autant les mieux placés pour remplir ce nouveau rôle ? Notre propre expérience suggère une réponse nuancée. Certes, les managers doivent faire preuve de capacité d’écoute : dans la communauté humaine que représente toute entreprise ou tout collectif de travail, il est naturel de pouvoir se confier à son supérieur. Mais tout dépend ensuite de ce que l’on a à lui dire.

S’il s’agit d’évoquer une anxiété directement liée au travail, le manager est certainement armé pour apporter une réponse adaptée, surtout s’il a été sensibilisé aux risques psychosociaux. En revanche, si le salarié exprime une véritable souffrance psychologique, alors le manager se sentira inévitablement démuni pour apporter les réponses adaptées. De surcroît, un autre écueil l’empêchera de remplir pleinement ce rôle. En effet, en raison de sa fonction, nombre de salariés auront des réticences à se confier pleinement à lui. Dans une société valorisant la performance et la résilience, il n’est évidemment pas facile de confier ses faiblesses et ses doutes à son supérieur !

Faire appel à des professionnels extérieurs

C’est la raison pour laquelle, un nombre croissant d’entreprises ont pris la décision de recourir aux services de psychologues professionnels extérieurs à l’entreprise capables d’écouter les salariés, voire d’assurer un suivi personnalisé de ceux qui en ont besoin. Cette solution présente un autre avantage : celui de préserver l’équilibre professionnel des managers. En effet, ces derniers étant déjà l’objet de nombreuses sollicitations, il convient de leur épargner un nouveau rôle pour lequel ils ne bénéficient pas toujours des compétences nécessaires car le suivi des salariés en souffrance représente plus qu’un travail : c’est un métier.

(1) “Gérer l’anxiété, le Bruit et le Stress au bureau”, Forbes, 15/08/18.