Investir dans la lutte contre le stress, est-ce vraiment rentable ? “Oui !”, répondent Philippe Rodet et Clément Leroy en s’appuyant sur de nombreuses études réalisées tant en France qu’à l’international.
Bien sûr, toute entreprise souhaite agir pour avoir des salariés heureux au travail. Mais, dans un environnement extrêmement concurrentiel, elle se doit toutefois de peser l’efficacité de chaque investissement envisagé : quel sera son effet sur la santé de ses travailleurs mais aussi sur sa compétitivité ?
Le coût prohibitif du stress pour les organisations
Conscients de cette réalité, Philippe Rodet, coauteur d’un ouvrage sur le “management bienveillant” (Eyrolles, 2017), et Clément Leroy, diplômé de psychologie cognitive, ont mené l’enquête pour déterminer s’il était économiquement rentable pour les organisations de lutter contre le stress en établissant, pour le site FocusRH, une recension des études consacrées à ce sujet. Leurs recherches, réalisées tant en France qu’à l’international ont notamment permis de relever que :
- “D’après l’American Institute of Stress, les accidents, l’absentéisme, le turn-over, la baisse de productivité et les frais médicaux liés au stress coûteraient 300 milliards de dollars aux entreprises américaines chaque année.”
- “En Europe, une étude a été menée en 2010 par le docteur Claudia Put en Belgique […]. Elle arrive à la conclusion que les entreprises dépensaient en moyenne 4000 € par salarié chaque année à cause du stress qu’elles généraient.”
Les beaux retours sur investissement de la lutte contre les RPS
Or, ces coûts ne représentent nullement une fatalité, de nombreuses études ayant permis d’établir que la lutte contre le stress et les RPS jouissait de très beaux retours sur investissement. À titre d’exemple :
- L’Association Internationale de la Sécurité Sociale (ISSA) a publié un rapport en 2011 établissant “qu’en moyenne, pour 1 € investi dans la prévention de la santé et de la sécurité, l’entreprise gagnait 2,20 € en retour”.
- Un rapport de l’Agence Européenne pour la Sécurité et la Santé au Travail publié en 2014 mentionne une étude consacrée au “rapport coût-efficacité de plusieurs types d’interventions axées sur la promotion de la santé mentale et la prévention des troubles mentaux en milieu de travail” relatant que “pour chaque euro dépensé dans un programme de promotion et de prévention de la santé, le retour sur investissement peut atteindre 13,62 € net”.
Les coûts supplémentaires induits par le désengagement
Comme le relèvent les auteurs, ces études ne prennent pourtant pas en compte les coûts induits pas la démotivation, alors que celle-ci représente l’une des conséquences du stress chronique. Or, le désengagement des salariés représente l’un des principaux défis que doivent relever les managers et les responsables RH. Ainsi, une récente étude menée par Malakoff-Médéric a notamment établi qu’en dix ans, “le pourcentage de collaborateurs très engagés est passé de 42 % à 28 %”.
Ce phénomène est bien sûr très pénalisant pour la performance des entreprises. “En 2013, pour les 18,3 millions de salariés du privé, le désengagement socio-organisationnel a représenté 11000 € par salarié et par an, soit une perte de compétitivité sociale nationale de 200 milliards € en coûts directs et indirects”, relèvent les auteurs en s’appuyant sur une étude menée par le groupe Apicil.
Autant de données qui, selon Philippe Rodet et Clément Leroy, débouchent “depuis plusieurs années sur une prise de conscience des entreprises de l’importance de la gestion du stress de leurs collaborateurs”. Ce constat rejoint notre propre conviction : loin de représenter une exclusivité des membres du CHSCT ou du futur Comité Social et Économique (CSE), la lutte contre le stress et les RPS constitue, pour les organisations, une question managériale de première importance engageant leur performance globale.
Pour aller plus loin : “Investir dans la lutte contre le stress, est-ce rentable ?”, par Philippe Rodet et Clément Leroy, FocusRH, 11/12/17.