Le Ministère des Solidarités et de la Santé a présenté, fin septembre, “Ma santé 2022” le plan voulu par Emmanuel Macron pour réformer le système de santé français. Si certains acteurs déplorent qu’il ne contienne aucune mesure visant spécifiquement l’explosion des risques psychosociaux parmi les personnels, en revanche, au sein des établissements, la lutte contre les RPS et l’amélioration des conditions de travail deviennent des priorités managériales.
Le 25 septembre 2018, “un radiologue avait été retrouvé sans vie dans les locaux du CH de Châteauroux-Le Blanc (Indre) où il travaillait”, relate le magazine d’actualité www.infirmiers.com. Et le lendemain, c’est “une praticienne exerçant au CHU de Bordeaux au pôle anesthésie-réanimation [qui] a tenté de mettre fin à ses jours sur son lieu de travail”. Réagissant à ces drames Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes Réanimateur Elargi (SNPHARe) s’indigne : “Chaque suicide est un drame de trop : personne ne peut attendre 2022”. Dans un communiqué de presse rendu public le 11 octobre, il exige que “des mesures concrètes immédiates soient prises pour la santé au travail des médecins hospitaliers”.
30 % des étudiants infirmiers sujets à des crises d’angoisses
L’explosion des risques psychosociaux parmi les personnels hospitaliers est désormais une réalité bien documentée. L’année passée, la Fnesi (Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers) avait publié une enquête sur le mal-être des étudiants. Elle y relevait notamment que plus de 40 % des étudiants en soins infirmiers déclaraient consommer des médicaments psychotropes et être sujets à des crises d’angoisse pour plus de 30 % d’entre eux. Si elle estime que “des combats restent à mener”, Ludivine Gauthier, présidente de la Fnesi, se réjouit toutefois que les étudiants en soins infirmiers aient “éveillé les consciences”.
De fait, ces derniers mois, des avancées ont été enregistrées comme la signature par la Fédération hospitalière de France (FHF) et les associations professionnelles et étudiantes d’une charte sur la qualité de vie au travail des étudiants, destinée aux établissements accueillant des stagiaires. De même, Agnès Buzyn et Frédérique Vidal ont annoncé pour le ministère des Solidarités et de la Santé quinze engagements pour le bien-être des étudiants en santé, suite au rapport du Docteur Donata Marra, le 3 avril 2018.
Les risques psychosociaux, enjeu RH et managérial
Malgré l’absence de mesures visant spécifiquement la prévention des RPS dans le plan santé, le contexte est donc celui d’une vaste prise de conscience. Publié en exclusivité par L’Express, le dernier baromètre des enjeux RH réalisé par Obea pour la Fédération hospitalière de France (FHF), révèle ainsi qu’un tiers des 283 DRH, directeurs des affaires médicales et directeurs des établissements sanitaires et médico-sociaux “considère qu’un nombre croissant de personnels sont en situation de précarité sociale”. Pour les auteurs, “les responsables des ressources humaines souhaiteraient s’investir plus largement dans l’organisation du travail, les conditions de travail, la fidélisation et l’attractivité”.
Ces résultats traduisent une profonde évolution : désormais la prévention des RPS et l’amélioration des conditions de travail sont perçues comme des enjeux managériaux de premier plan et des leviers de performance pour les organisations. L’enquête de la FHF souligne ainsi que “89 % des professionnels interrogés (soit 17 points de plus que l’année dernière) ont désormais engagé leur établissement dans une démarche d’amélioration de la qualité de vie au travail (QVT) à laquelle sont associés des représentants du personnel”.
L’exemple de Montpellier : 3000 jours d’arrêt évités !
Comme le relate L’Express, le CHU de Montpellier, l’un des plus gros de France avec 11000 salariés, a ainsi mis en place une équipe dédiée à “la prévention des risques professionnels et des risques psychosociaux, et depuis deux ans, les problématiques à l’amélioration de la qualité de vie au travail”. Selon la DRH de l’hôpital, cette cellule aurait notamment permis d’éviter 3000 jours d’arrêt maladie ! Un exemple inspirant tant il démontre que, menées intelligemment, les démarches d’amélioration des conditions de travail vont de pair avec la nécessaire maîtrise des coûts.