“Les consultations spécialisées dans la souffrance au travail sont saturées. La demande des salariés s’accroît et les délais pour obtenir un rendez-vous s’allongent”, s’alarme Le Monde dans une récente enquête consacrée au “fléau de la souffrance au travail”. Un constat qui incite à renforcer vigoureusement les actions de prévention, pour traiter le mal à la racine.
“Nous faisons face à des situations de plus en plus compliquées, qui peuvent mettre la vie en jeu, avec toujours plus d’arrêts maladie longs, des burn-out…”, explique au Monde le directeur de l’Association de santé au travail interservices (ASTI). En 2018, cet organisme fédérant huit services de santé au travail d’Occitanie a reçu 1600 personnes contre 1400 l’année précédente.
Un fléau coûteux pour la société et les entreprises
Outre le fait que le personnel manque face à l’ampleur que prend le phénomène, le chemin de la rémission est long et souvent coûteux. Le coût d’une séance peut s’élever à 80 euros et il faut souvent des mois, voire des années pour se relever d’un burn-out ou d’une situation de stress post-traumatique.
“Selon l’Assurance Maladie, 10 000 troubles psychosociaux (dépression, état de stress posttraumatique…, en lien avec un événement déclencheur) et, sans doute, autant de non déclarés comme tels, ont été reconnus au titre des accidents du travail en 2016, ainsi que 600 maladies psychiques liées au travail.” Le coût pour l’Assurance Maladie est élevé, mais il l’est également pour les entreprises et les administrations touchées tant les arrêts de travail contribuent toujours à perturber leur fonctionnement, sans compter les conséquences sur le climat social et l’image de marque…
Consultation personnelle et prévention collective
Le suivi des patients permet toutefois d’obtenir de réels résultats. “Nos consultations sont centrées sur la réalité du travail. On va demander au salarié de décrire son emploi, d’exprimer ce qui, dans son métier, lui procure du plaisir et ce qui est difficile. Nous partons du principe qu’avec le travail, on peut se reconstruire”, explique Anne Jakowleff, psychologue du travail à l’Union mutualiste Souffrance et travail réseau d’accueil et de prévention (Strap), qui intervient en Auvergne-Rhône-Alpes.
Cette approche est similaire à celle qui prévaut lors de “l’accompagnement psychologique d’un travailleur en souffrance” proposé par Impact Prévention. Avec, dans ce cas, un avantage supplémentaire : la transmission à l’employeur de deux rapports intermédiaires et d’un rapport final qui, tout en respectant scrupuleusement la confidentialité des échanges avec le travailleur, aideront la direction à identifier des solutions permettant de préserver la santé mentale de son personnel.
Engager une démarche de prévention (et de progrès global)
Cet aspect est essentiel car la souffrance professionnelle se joue au niveau de l’individu mais également de l’organisation. Si des fragilités personnelles peuvent évidemment rentrer en ligne de compte, les risques psychosociaux sont fréquemment aussi des symptômes de dysfonctionnements organisationnels qui, s’ils ne sont pas résolus, peuvent affecter la santé d’autres travailleurs et nuire à la bonne marche de l’entreprise. Si bien que toute démarche de prévention représente, in fine, une démarche de progrès global.