Deux enquêtes pointent la forte hausse du taux d’absentéisme au cours des cinq dernières années. Selon les experts, ce phénomène s’expliquerait par un accroissement des risques psychosociaux (RPS) et de la charge mentale pesant sur les travailleurs. Plus que jamais, la lutte contre l’absentéisme passe par la lutte contre les risques psychosociaux.
Alors que, début septembre, les salariés français reprenaient le chemin du travail, l’absentéisme faisait les gros titres de la presse en raison de deux études alarmantes.
Hausse de 16 % de l’absentéisme en 5 ans
Selon la première étude réalisée par le courtier en assurances Gras Savoye, le taux d’absentéisme des salariés français aurait en effet augmenté de 3,6 % entre 2017 et 2018, soit une hausse de 16 % depuis 2014, tandis que la seconde pilotée par BVA pour Réhalto pointe une augmentation annuelle de 6,8 % sur la même période. Par-delà les différences de méthode, la tendance observée est donc la même.
Pour expliquer le phénomène, Julien Rémy, responsable du dossier absentéisme chez Gras Savoye, évoque d’abord une chute globale de motivation : “Le nombre de maladies ou d’accidents du travail est globalement stable, note Julien Rémy, responsable du dossier absentéisme chez Gras Savoye. Mais en 2018, comme les années passées, c’est la perte de sens du salarié pour son travail qui fait encore grimper les chiffres. Or, quand un salarié n’est plus motivé, il est moins enclin à venir travailler s’il a 38 de fièvre.”
Mais il faut aussi compter avec les difficultés personnelles des travailleurs, liées à des profondes évolutions sociétales et démographiques. “Les familles monoparentales sont davantage susceptibles de multiplier les petits arrêts fréquents, décrypte Julien Rémy. Mais en volume, nous observons surtout les arrêts répétés des 15 à 20 % de salariés qui aident par ailleurs un proche malade, handicapé ou très âgé.” Ces “aidants” sont en effet bien peu aidés pour faire face à leurs multiples obligations. Comme le précise Le Parisien, ils se retrouvent “épuisés par une charge mentale trop lourde” qui se termine en arrêt maladie, seule façon pour eux de faire tomber la pression qui s’exerce sur eux.
Le rôle prépondérant des contraintes psychosociales
Mais bien sûr les causes psychiques de l’absentéisme trouvent aussi leur origine dans la sphère professionnelle. En s’appuyant sur l’étude réalisée par BVA, Christian Mainguy, DG de Réhalto estime que, si l’on exclut les maladies ordinaires telles que les grippes ou les angines, “les problématiques mentales sont désormais la première cause d’arrêts de travail. L’OMS avait indiqué qu’on y serait en 2020 : nous y sommes, comme prévu, un an avant, avec 29 % dont 19 % pour burn-out”.
Ces enquêtes viennent confirmer, sur un mode dynamique, des observations plus anciennes quant au fort impact des contraintes psychosociales sur l’absentéisme. Dans une étude publiée en 2013, la direction de la recherche et des statistiques du Ministère du Travail (DARES) avait en effet mis en évidence que parmi les salariés non exposés à des contraintes physiques ou psychosociales, seuls 2,5 % s’absentent pour des raisons de santé, tandis que c’est le cas de 5,5 % des salariés cumulant trois contraintes physiques ou plus et de 7,5 % des salariés cumulant au moins trois contraintes psychosociales.
Lutter contre les RPS pour réduire l’absentéisme
Ces données soulignent ainsi combien la lutte contre l’absentéisme passe nécessairement par une meilleure prise en compte des risques psychosociaux (RPS) par l’entreprise. De nombreuses initiatives peuvent être prises en la matière, mais le préalable indispensable est incontestablement la réalisation d’un diagnostic RPS. En effet, c’est à partir de cette première cartographie des risques existant réellement en son sein que l’entreprise pourra prendre les mesures adaptées pour réduire les contraintes psychosociales… et l’absentéisme !