Le télétravail a la cote ! Selon une récente étude réalisée par Malakoff Médéric Humanis, 29 % des salariés français déclarent télétravailler et 56 % aimeraient le faire. Or, si le télétravail présente d’indéniables avantages, il est également porteur de risques psychosociaux spécifiques mal maîtrisés par les télétravailleurs et leurs managers.
Le temps est loin où le télétravail représentait un mode d’organisation marginal. Désormais pratiqué par près d’un tiers des salariés français, il est en plein essor mais peine à être formalisé. En effet, si la pratique contractualisée du télétravail a augmenté de 50 % depuis 2017, cette institutionnalisation progressive n’est toutefois pas assez significative pour contrebalancer le télétravail informel qui concerne déjà 21 % salariés et 22 % des entreprises.
Enthousiasme généralisé
Cette progression est portée par de fortes attentes de la part des salariés. “Le télétravail séduit de plus en plus parce qu’il répond au besoin croissant de souplesse et d’autonomie exprimé par les salariés pour mieux articuler leur vie pro et perso. […] Parmi les raisons qui poussent les salariés à demander le télétravail, on trouve, en tête de liste, la réduction du temps de trajets (cités par 54 % des télétravailleurs) suivi de la souplesse des horaires (36 %)”, observent les auteurs de l’étude. Des vœux apparemment exaucés : près de 8 télétravailleurs sur 10 se déclarent satisfaits de l’être.
Preuve que le management contemporain rompt progressivement avec l’obsession taylorienne du contrôle, 83 % des managers encadrant des télétravailleurs se sont également convertis avec enthousiasme à ce mode d’organisation. Il est vrai que 9 télétravailleurs sur 10 estiment avoir gagné en efficacité dans leur travail. Un point de vue partagé par une large majorité des dirigeants : 79 % d’entre eux affirment que le télétravail permet un engagement accru et une plus grande productivité des équipes. “En instillant plus d’autonomie, le télétravail serait un des leviers pour lutter contre la crise de motivation et le désengagement des salariés”, explique l’étude.
Une pratique à double tranchant
Est-ce à dire que le télétravail serait la martingale tant attendue permettant de doper d’un même mouvement la performance et le bonheur professionnel ? Les experts se montrent plus prudents : “Le télétravail est une pratique à double tranchant. S’il comporte de nombreux avantages, il génère également des risques à prendre en compte”. Ainsi, la promesse d’une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle ne se vérifie pas à tous les coups. Pour 60 % des salariés, le télétravail engendre un empiétement de la vie pro sur la vie perso tandis que 51 % évoquent un “risque d’addiction au travail”. Enfin, sans surprise, 54 % des télétravailleurs admettent redouter la perte de lien social.
Ces résultats viennent souligner une réalité déjà bien documentée : les principaux risques spécifiquement associés au télétravail sont des risques psychosociaux : isolement social et professionnel, burn-out lié à la difficulté de scinder vie personnelle et vie professionnelle, stress lié aux objectifs, sentiments de monotonie, manque soutien et de reconnaissance, rejet de la part de collègues envieux, violence externe provenant par exemple de clients difficiles, etc.
Sensibiliser télémanagers et télétravailleurs
Les auteurs de l’étude Malakoff-Médéric Humanis insistent donc sur “la nécessité de bien préparer et accompagner le télétravail”. Cet impératif est largement partagé par les managers encadrant des télétravailleurs. Plus de 80 % d’entre eux estiment que “le télétravail implique de repenser le maintien des liens collectifs et la façon de déléguer et contrôler les taches” et 85 % expriment un “besoin de formation à ces nouvelles pratiques”.
De fait, les risques psychosociaux ne sont jamais une fatalité. Ils résultent de facteurs qui peuvent être traités efficacement par des managers sensibilisés à ces questions. Toutefois, en raison de l’autonomie qui caractérise peu ou prou tous les télétravailleurs, il semble également nécessaire de les sensibiliser aux bonnes pratiques qui garantiront leur bien-être psychologique. Même dans un contexte de travail à distance, la prévention des risques psychosociaux reste une démarche collective.