Interrogés dans le cadre d’une enquête de l’Ifop, les représentants du personnel appelés à siéger dans les nouveaux Comités sociaux et économiques (CSE) affirment vouloir s’emparer prioritairement des questions de conditions de travail et de santé, notamment psychologique. Pour les entreprises, l’enjeu est de faire de ces questions des leviers de progrès plutôt qu’un sujet de conflit.
Lors de la publication des ordonnances Macron fusionnant les anciennes instances de représentation du personnel dans une instance unique à vocation généraliste, de nombreux observateurs redoutaient que la disparition des Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) ne conduise à porter une moindre attention aux questions relevant autrefois de ses prérogatives.
La QVT loin devant la rémunération
Le récent sondage réalisé par l’Ifop auprès des élus du CSE pour le compte du Syndex révèle que cette crainte n’a pas disparu. En effet, lorsque l’on demande aux élus siégeant dans les nouveaux CSE “leurs principales inquiétudes vis-à-vis de la nouvelle instance”, ils sont 39 % à déclarer redouter “une moins bonne prise en compte des enjeux de santé au travail”, 14 % citant même cette crainte devant toutes les autres. Toutefois, il y a peu de chance que cette appréhension se vérifie tant elle exprime simultanément une détermination à s’emparer de ces sujets.
À la question “quels sont, pour vous personnellement, les sujets prioritaires à traiter au sein de la nouvelle instance unique ?”, les élus placent en tête “les conditions de travail” (63 % de citations) et “la santé et les risques psychosociaux” (62 %), loin devant les autres sujets relevant des compétences du CSE comme “les choix stratégiques de l’entreprise” (47 %), “les enjeux économiques et financiers” (40 %). Signe qui ne trompe pas : même le thème ô combien sensible des rémunérations est relégué loin derrière, avec 38 % de citations.
Pour conjurer le risque d’une moindre attention portée aux sujets se rapportant peu ou prou à la santé et à la Qualité de vie au travail (QVT), les représentants du personnel souhaitent avant tout maintenir le niveau d’expertise qui prévalait au sein des CHSCT. “Certains élus rappellent que ceux qui le souhaitent peuvent rester experts de ces sujets : il suffit pour cela aux représentants du personnel de diviser les rôles comme ils l’étaient autrefois entre différentes instances”, souligne l’enquête de l’Ifop.
La formation, clef d’un dialogue éclairé
Preuve qu’ils prennent ces questions au sérieux, les représentant du personnel estiment qu’elles nécessitent des compétences et des savoirs spécifiques : parmi les formations jugées nécessaires par les élus du CSE pour assurer leur rôle, celles portant sur la santé et les conditions de travail sont plébiscitées. Elles sont citées par 68 % des élus interrogés, loin devant celles portant sur “le fonctionnement du CSE” (58 %) ou sur “l’économie” (45 %).
Les employeurs seraient bien inspirés de répondre à ce désir de formation. Notre expérience en matière de prévention des RPS nous a en effet appris que plus les acteurs de l’entreprise – aussi bien les élus du personnel que les managers – sont formés sur ces questions sensibles, plus ils les abordent de façon professionnelle apaisée et constructive. En effet, sur ces sujets comme sur bien d’autres, l’ignorance fait le lit de la défiance et du conflit tandis que les connaissances partagées et les références communes ouvrent un espace pour un dialogue éclairé et une action constructive bénéfique à l’entreprise et à ses membres.